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Sources des Encyclopédies Médiévales, corpus annoté

Memento auteur

Auteur réel : Thomas Cantimpratensis

Titre : Liber de natura rerum Thome Cantimpratensis

Date de parution : Oeuvre terminée entre 1241-45 (1e rédaction) et 1250-55 (2e rédaction). Il y fait mention de la mort de Jourdain de Saxe, en 1237, et de la personne, vivante, de Jacques de Vitry, évêque de Frascati [Tusculum] mort en 1240, mais aussi de la découverte, en Allemagne, d’une grande mine d’étain: la Chronica maiora contemporaine de Matthieu Paris date cette découverte de 1241 (terminus post quem).

Editions de référence :

  • Voir fiches des versions auctoriales (I-II) et de la version „Thomas III.“

Autres éditions :

  • L. García Ballester, éd. en fac-similé du ms Grenade, Bibl. Univ. C 67 : Grenade, 1967 (avec reproduction en couleur des enluminures d’origine allemande, Grenade-Pampelune, 1975).
  • Calandre, E. – García Ballester, L. – Pita Andrade, J.M. – Schmitt, W. – Mateu Ibars, J. – de Lapresa, E. – HernÁndez Vista, V.E. – Talbot, Ch.H., (éd. et tr.), Tomás de Cantimpré, De natura rerum (lib. IV-XII), Tacuinum sanitatis, Granada, 1974. (transcriptions des traductions catalanes et anglaises des livres IV-XII et du Tacuinum sanitatis (une partie du DNR qui a circulé séparément avec un nouveau prologue, et a largement dépassé les livres X-XIII du DRN), introductions sur le textes et les marginalia.
  • J.B. Friedmann, Thomas of Cantimpré, De Naturis Rerum [Prologue, Book III, Book XIX], in La science de la nature : théories et pratiques, p. 107-154, Montréal-Paris, 1974 (Cahiers d’études médiévales, n°2).

Travaux de référence :

  • H. Boese, « Zur Textüberlieferung von Thomas Cantimpratensis’ ‘Liber de natura rerum’ », dans Archivum Franciscanum Historicum, 39 (1969), p. 53-68.
  • B. Van den Abeele, Diffusion et avatars d’une encyclopédie : le Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré, in G. de Callataÿ – B. Van den Abeele, éds., Une lumière venue d’ailleurs. Héritages et ouvevertures dans les encyclopédies d’Orient et d’Occident au Moyen Âge. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve, 19-21 mai 2005, Louvain-la-Neuve, 2008, p. 141-176. B. Van den Abeele a recensé au moins 215 témoins, dont 129 des versions I-II, et 85 de la version « Thomas III. »
  • B. Van den Abeele, « L’allégorie animale dans les encyclopédies latines du Moyen Age », dans L’animal exemplaire au Moyen Age (Ve – XVe siècles), éd. J. Berlioz - M.-A. Polo de Beaulieu - P. Collomb, , Rennes, 1999, p. 123-143. En annexe (p. 140-143) le relevé complet de ces passages allégorisants présents dans les livres sur les animaux du Liber de natura rerum.
  • R.S. Sweetman, Dominican preaching in the Southern Low Countries, 1240-1260: «Materia praedicabilis in the ‘Liber de natura rerum’ and ‘Bonum universale de apibus’ of Thomas of Cantimpré, diss. Univ. of Toronto, 1989.
  • P. Aiken, The Animal History of Albertus Magnus and Thomas of Cantimpré, in Speculum, t. 22, 1947, p. 205-225.
  • E. Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au moyen âge, Paris, 1936, p. 758.
  • F.J. Talavero Esteso, « Ciencia y predicación en el siglo XIII : El ‘Liber de natura rerum’ de Tomás de Cantimpré », dans La ciencia tomista, 104 (197), p. 407-450.
  • F. J. Talavera Esteso, Metodología científica en el siglo XIII. La práctica de los excerpta en el Liber de Natura Rerum de Tomás de Cantimpré, in Cuadernos de estudios medievales, 4/5 (1976/77), p. 163-177, repris in Analecta Malacitana%
  • F.J. Talavera Esteso, « La tradición de las etimologías populares en el ‘Liber de natura rerum’ de Tomás de Cantimpré », dans Analecta Malacitana, 3 (1980), p. 3-36.
  • F.J. Talavera Esteso, Textos para ilustrar la trasmissión de los autores en las enciclopedías latines medievales del siglo XIII (Solino en el ‘Liber de natura rerum’ de Tomás de Cantimpré), Malaga, 1986.

Notice :

  • Le Liber de natura rerum est une encyclopédie naturelle. Ses objectifs moraux et philosophiques sont exprimés dès le prologue et consistent à offrir aux prédicateurs en un seul petit volume les faits et leurs interprétations morales concernant la nature et les propriétés des choses créées : louer le créateur à travers les créatures qui sont Son œuvre d’artisan et tirer des exemples de la nature et en particulier du monde animal pour enseigner et améliorer les moeurs. L’encyclopédie fait la part belle à la médecine, salernitaine et arabe, mais renvoie (dans la deuxième version) le lecteur intéressé par l’art de guérir à des manuels pratiques spécialisés : Mittimus tamen lectorem nostrum ad libros practicos phisicorum, nec sibi in ista abbreuiatione quantum ad speciales curas egritudinum nouerit satisfactum (De nat. rer., I, 29, l. 9-11, p. 32 éd. Boese). Elle intègre les nouveaux savoirs aristotéliciens et même des passages du Liber introductorius de Michel Scot (Liber de quattuor distinctionum), mais elle n’intègre de réflexion approfondie ou de développements sur ces savoirs. Elle recourt largement à l’allégorie. Le de natura rerum comptait au départ 19 livres : trois sur le corps humain, l’âme, et les monstres humains, puis six sur la vie animale, trois sur les arbres et les herbes, trois autres sur les fontaines, les pierres, et les métaux, trois enfin sur les sept régions de l’air, la sphère et les plantes, la météorologie, l’univers, et les quatre éléments. Y ont été ajoutés ensuite par l’auteur un épilogue et un vingtième livre, concernant les éclipses de lune et de soleil, et fondé en grande partie sur la Philosophia mundi de Guillaume de Conches (1080-1154). Thomas lui-même affirme que cette partie n’est pas originale, sans nommer sa source : Post finem laboris nostri uicesimam quoque editionem apponimus, sed hanc non tanquam ex nostra compilatione, sed tanquam necessariam ipsi operi precedenti. Addidimus tamen aliqua et quedam subtraximus atque nonnulla correximus (XX, 1, l. 1-4, p. 415 éd. Boese). L’encyclopédie fut exploitée dans le Speculum naturale de Vincent de Beauvais, qui l’a expurgée des moralisations, dans le Reductorium morale de Pierre Bersuire et dans le De animalibus d’Albert le Grand. Elle connut une traduction flamande par Jacob van Maerlant (c. 1235-c.1300), allemande (dans la première moitié XIVe siècle) par Konrad de Megenberg, et une traduction du Liber de monstruosis hominibus Orientis en ancien français. L’œuvre a connu trois versions principales, chacune déclinées en plusieurs aménagements. Ainsi, on passe d’une encyclopédie naturelle, la version I, en 19 livres (avec allusions au sens allégorique des realia), à une version II en vingt livres, du vivant de Thomas de Cantimpré (ajout du De ornatu caeli inspiré partiellement de la Philosophia Mundi de Guillaume de Conches). Plus tard, une version III est élaborée probablement par un frère dominicain, d’abord (III a) munie d’un prologue court. Les principales sources sont Aristote (et des œuvres pseudo-aristotéliciennes comme le Secretum secretorum), Pline, Palladius, Solin, Ambroise, Basile, Isidore de Séville, Galien, Platearius, le Physiologus, mais aussi trois écrits encore sujets à de nombreuses questions : celui d’Adelinus / Adelmus philosophus, le Liber rerum perdu, ainsi que l’énigmatique Experimentator utilisé dans environ 100 chapitres (96), l’Historia orientalis de Jacques de Vitry qui lui fournit les connaissances sur les animaux d’Orient. D’autres sources apparaissent au fil du texte ; entre autres : Hippocrate, Joseph, Virgile, Galien (et pseudos), le Songe de Scipion de Macrobe (par l’intermédiaire de la Philosophia de Guillaume de Conches), Jérôme, Sulpice Sévère, Augustin, les Regula et les Moralia in Job de Grégoire, les Recognitiones du Ps.-Clément, la Consolation de Philosophie de Boèce, la Glose ordinaire, Pierre Comestor, Jourdain de Saxe, Haimon d’Halberstadt, les lettres à Alexandre, les Kiranides, le Gynaecia de Muscio, la lettre sur les faucons adressée à Ptolémée par Aquila, Symmaque et Théodose, le recueil de propriétés Angelus purus natura (connu sous le nom de De bestiis du Pseudo-Yves de Saint-Victor), les Questiones naturales d’Adelard de Bath, le lapidaire de Marbode de Rennes, Yves de Chartres, Hugues de Saint-Cher, Petrus Hispanus et Michel Scot. L’imago mundi d’Honorius Augustodunensis constitue sans nul doute aussi une autre source directe. Pour les textes aristotéliciens, Thomas se réfère au De anima, De somno et vigilia et au De animalibus, pas encore au De vegetabilibus.

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